Différentes nuances de rouge : redécouvrir la pluralité du socialisme et du communisme en Europe au vingtième siècle

Colloque international « Différentes nuances de rouge : redécouvrir la pluralité du socialisme et du communisme en Europe au vingtième siècle »

26-28 octobre 2023, Département d’histoire, Université de Montréal, Montréal

Le colloque se tiendra en français et en anglais

Organisateurs : Carl Bouchard et Marie-Josée Lavallée, Département d’histoire, Université de Montréal

Le socialisme et le communisme étaient des projets démocratiques radicaux qui entendaient apporter une solution globale aux questions économiques, politiques et sociales nées du développement rapide du capitalisme industriel et financier au 19e siècle, sur la toile de fond de la montée de la société de masse. Ces projets mettaient de l’avant une vision du bien commun faisant la promotion de l’égalité et de la liberté universelles et de la justice sociale, dont le déploiement résulterait d’une révolution renversant le capitalisme et établissant la propriété collective, l’autogouvernement et l’autogestion. Aujourd’hui cependant, le socialisme et le communisme sont encore largement considérés comme des idéologies qui ont échoué et sont réduites aux formes paradigmatiques qu’elles ont incarnées dans l’histoire. Le socialisme est réduit à ce que l’on a appelé le compromis social-démocrate avec le capitalisme et les classes dirigeantes, qui l’a détourné de son engagement originel à renverser le capitalisme et à donner le pouvoir au prolétariat. Le moment keynésien a failli à transformer les relations sociales et a été de courte durée. Le communisme a aussi tourné le dos à cet idéal, pis encore, il s’est métamorphosé précocement en systèmes à parti unique qui ont créé des États autoritaires, centralisés, répressifs, policiers et même, dictatoriaux, créant aussi de nouveaux privilèges de classe plutôt que les abolir. Bien que ces échecs soient incontestables, limiter notre évaluation du socialisme et du communisme à ceux-ci nous font oublier qu’ils ont été des projets démocratiques radicaux recouvrant une diversité de pratiques et de théories.

Interroger les mouvements, organisations, partis, factions et théories en rupture avec les courants dominants du socialisme et du communisme, lesquels se sont souvent développés sur la base d’un refus d’endosser la renonciation perçue de ces derniers aux projets émancipateurs qu’ils mettaient de l’avant, offre une perspective idéale pour redécouvrir la nature démocratique radicale et la pluralité de ces complexes idéologico-politiques. D’innombrables hommes, femmes et jeunes qui ont lutté pour édifier une société égalitaire, libre et juste pour tous n’ont pas cautionné tous les retournements pratiques et idéologiques des principaux courants du socialisme et du communisme dans leur déploiement historique. Leur posture oppositionnelle les a marginalisés et souvent exposés à la répression et aux purges dans leurs propres rangs, parfois au prix de leur liberté ou de leur vie.

Les historien-ne-s, philosophes et politologues ne sont ni les seuls, ni les principaux responsables du vide historique entourant ces pratiques et théories alternatives car les acteurs dominants se sont efforcés de tuer dans l’œuf les tendances « déviationnistes » et de faire taire les voix dissidentes, laissant ainsi peu de témoignages de ces contestations. De plus, puisque les visions alternatives et innovantes étaient moins diffusées, elles ont laissé moins de traces. Ce colloque se propose de faire entendre ces voix et de retracer les pratiques et théories qualifiées soit de « radicales », « oppositionnelles », « révolutionnaires de gauche », « gauchistes », « ultra-gauchistes » ou « dissidentes » dans différents pays et les figures, théories, institutions et mouvements innovateurs afin de produire un portrait englobant et comparatif des courants constituant le socialisme et le communisme à travers leur trajectoire historique en Europe au 20e siècle.

Un ouvrage collectif basé sur les contributions présentées lors du colloque est planifié : ainsi, ces contributions ne doivent pas avoir été publiées antérieurement. Le colloque encourage les propositions sur les thèmes suivants (tout autre sujet pertinent est également bienvenu) :

Les factions oppositionnelles/de gauche à l’intérieur des partis socialistes ou communistes

Les factions d’extrême-gauche

Les organisations socialistes/communistes civiques ou culturelles (de jeunes, de femmes, de minorités…)

Les partis socialistes ou communistes concurrents

Les mouvements de la base (« grassroots »)

Le mouvement de Zimmerwald

Les Internationales

Les groupuscules socialistes ou communistes

Les grèves ou mouvements socialistes pacifistes

Le marxisme occidental

Le communisme de conseil

Le communisme de gauche

Penseurs ou activistes

Les conseils à compter de 1917 ou dans le bloc de l’Est

Les partis communistes ou socialistes (de gauche) en Occident après 1945

La dissidence communiste dans le bloc de l’Est

Conférencier d’honneur confirmé : Talbot Imlay, Université Laval, Québec (Canada)

Les autres conférenciers d’honneur sont à confirmer.

Veuillez envoyer votre résumé d’une longueur de 300-500 mots à [email protected]au plus tard le 13 janvier 2023.

Des frais de conférence de 175$ (en dollars canadiens), couvrant les repas (deux déjeuners, deux repas du midi, des collations et un repas du soir), devront être payés au moment de l’inscription en ligne au plus tard le 16 septembre 2023.

Vous pouvez visiter le site web du colloque (qui sera mis à jour régulièrement) au http://www.differentshadesofred.com.