Repenser le possible: l'imagination, l'histoire, l'utopie
2940 Chemin de la Côte-Sainte-Catherine
Montréal
Canada
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Le colloque se propose d’investiguer à nouveaux frais la problématique de l’utopie, d’une manière qui tranche par son originalité. En effet, loin de se contenter de faire l’histoire de la réception du concept d’utopie, le colloque entend inscrire ce dernier au cœur d’une démarche proprement philosophique, dont l’objectif est d’interroger notre rapport à l’avenir en général à partir d’une réflexion ouverte sur la notion de possible. Le contexte de crise que l’on traverse aujourd’hui (crise de la démocratie, crise économique, crise des religions, etc.) invite de manière plus pressante que jamais à revisiter l’utopie, un concept forgé à l’époque renaissante à partir du grec ou-topos, « ce qui est sans lieu », précisément dans le contexte d’une crise généralisée : ébranlement des certitudes médiévales par la découverte de l’Amérique, conflits sanglants entre catholiques et protestants, bouleversements artistiques, émergence d’un sentiment d’impuissance devant l’exercice du pouvoir politique, etc. Ce rapport entre la crise du sens, à la fois individuelle et propre au vivre-ensemble, et la nécessité de se projeter dans un avenir capable de rouvrir du possible, est très précisément ce que le concept d’utopie a jadis voulu problématiser. Il ne s’est donc pas naïvement proposé comme « solution » à la crise, voire comme simple pansement idéologique, contrairement à ce que suggère l’image d’Épinal.
L’objectif est ainsi de combler une lacune importante de la recherche actuelle. Qu’il s’agisse de philosophie de l’histoire, de philosophie politique ou d’analyses plus théoriques portant sur la temporalité ou encore l’acte d’imagination, la recherche en philosophie a généralement tendance à délaisser l’utopie. Cette dernière se voit souvent boutée au-dehors, dans la foulée de la méfiance habituelle à l’égard de la fiction, ou bien réduite à une sorte de version dégradée d’un imaginaire social dangereux et réifiant, voire franchement irrationnel. S’il n’est pas question d’ignorer les critiques très fortes dont la référence philosophique à l’utopie a pu être l’objet, s’il n’est pas non plus question de nier sa profonde ambiguïté, il serait tout aussi dommageable de ne pas interroger sa portée critique et de ne pas voir en l’utopie l’occasion d’une réflexion sur la puissance imaginative de la raison elle-même dans son exercice de compréhension de l’expérience humaine. En effet, nous chercherons à montrer que notre outillage rationnel, y compris chez certains des plus fervents défenseurs du rationalisme, ne nous permet de problématiser notre actualité, voire même de constituer notre expérience immédiate de l’« ici et maintenant », qu’à l’aide de l’« ailleurs », quitte à inventer un espace-temps dont l’impossibilité se veut précisément la pierre d’attente d’une réouverture du possible et d’un refus de toute forclusion de l’avenir.
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